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Mes études

Comme chacun, j'ai fait des études. Je les ai commencées à 3 ans, comme beaucoup de monde, et terminées à presque 33 ans, ce qui est moins banal. Et pendant ces 30 années, j'ai quasiment été tout le temps sur les bancs de l'école !

Débuts gentils, à 3 ans (enfin plutôt 2 ans et demi), chez Mère Mathilde, aux Fidèles Compagnes de Jésus ! Je crois que je suis resté deux ans chez Mère Mathilde, et puis j'ai terminé mon école maternelle chez Melle Van Roeyen, une brave femme entièrement consacrée à sa tâche.


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En 1959, je commence la "grande" école, à l'École Primaire Marcel Van Hemelen, chez M. Borremans. C'était aussi un homme admirable, et je l'admirais beaucoup. À cette époque, mes parents se sont inquiétés de constater que je clignais souvent les yeux ! Jusqu'au jour où ils se sont rendu compte que M. Borremans clignait très souvent des yeux ! Mimétisme, quand tu nous tiens ! Moins amusant, ce brave monsieur s'est permis d'écrire sur mon bulletin à la fin du premier trimestre : "Excellents débuts en première année ! Encore un peu de lenteur en calcul mental.". Je ne crois pas que j'étais fondamentalement "lent" en calcul mental, et c'était trop tôt pour le dire. Mais comme j'aimais beaucoup M. Borremans, je l'ai cru, et je suis devenu... lent en calcul mental. Ce que je suis toujours ! En pédagogie, on appelle ça l'effet Rosenthal, ou effet de halo : les élèves deviennent ce que leur professeur pense qu'ils sont ! Effrayant, mais vrai !

Deuxième année, avec M. Leblicq, professeur sévère mais adorable. Tous ceux qui sont passés dans sa classe (et ils sont nombreux étant donné le nombre d'élèves par classe qu'il y avait à l'époque) se souviennent des aventures de Sim et Sam, deux petits lutins à qui il arrivait des choses extraordinaires et non dénuées de "morale"... M. Leblicq avait une haute idée de l'éducation. Il fonctionnait aussi avec un système de "bons points", même qu'on en recevait pour notre anniversaire... Super pour ceux qui sont nés en période de vacances ! Parfois aussi, quand il s'absentait 5 minutes, c'était l'un d'entre nous qui devenait "pion" avec le pouvoir de donner ou d'enlever des bons points ! J'ai toujours trouvé cela fondamentalement injuste, mais je n'en voulais pas à M. Leblicq.

Troisième année chez Mme Maucq. J'ai vraiment beaucoup aimé ! Normal quand on termine l'année avec 92%. Mais l'année suivante, le choc. Au 1er trimestre de ma 4e année, chez M. Cautaerts, je me retrouve avec 77,5% ! Il faut dire que toute la classe avait descendu, mais croyez-moi, on se pose des questions quand même. Je n'ai jamais très bien compris pourquoi certains élèves - je ne sais plus si j'en ai été - devaient passer quelques temps à quatre pattes dans la "niche" du bureau du professeur, coincé entre deux volées de tiroirs et les pieds du professeur ! Car, finalement, ce n'est quand même pas le meilleur endroit pour apprendre !

M. Stassin fut mon titulaire de 5e année. Un brave homme qui a d'ailleurs écrit sur mon bulletin du 2e trimestre : "Excellents résultats. François a pour devise Toujours mieux !" Parfait pour l'effet de halo, ça !

En 6e année, je me suis retrouvé chez M. Jean Kerkhofs. Un mec super, que j'ai continué à revoir de longues années encore, tant pour des raisons personnelles (c'était le père de copains-copines) que professionnelles (il était devenu directeur d'école quand je suis revenu vers des stages d'instit et inspecteur diocésain quand j'ai commencé à travailler). Remarque écrite sur mon bulletin de 1er trimestre : "Nous félicitons François pour ce brillant résultat ! Nous apprécions sa serviabilité." J'étais sans doute serviable, parce que j'avais accepté de "distribuer le lait". Chaque matin, il fallait répartir les bouteilles de lait dans les casiers de chaque classe et aller distribuer ces casiers... Cela prenait environ 30-45 minutes, et permettait de louper à tous les coups le cours de religion. Super !

En 1965, j'entre à l'école secondaire, à l'Institut Saint-Boniface, pour faire comme mes 3 frères. Avant la rentrée, mes parents invitent à la maison l'abbé René Steinmetz, directeur de l'Institut, et, à la vue de mon bulletin, celui-ci déclare d'une voix péremptoire : "Cet enfant est fait pour les latines. Il sera chez M. l'abbé Demat.". Bref, la terreur pour ceux qui débutent le collège. Et ce ne fut pas évident. À la fin du 1er trimestre, la sentence tombe sur mon bulletin : "Doué, mais peu travailleur et très distrait". Ben tiens ! Seulement, cette fois-ci, à l'inverse de ce qui s'était passé avec M. Borremans, cela n'a rien changé à mon avenir scolaire pour la bonne et simple raison que ce n'était que la vérité pure et vraie !

Fin de sixième, je suis passé sans gloire en cinquième gréco-latine, pas par choix, mais parce que c'était comme ça. M. l'abbé Michiels fut mon titulaire et mon prof de latin, de grec, de religion et de néerlandais ! Bref, j'ai eu le temps de le voir... et de l'oublier. Après des examens de passage en grec et en néerlandais (plus des travaux en géographie et en musique), il fut suivi en quatrième par M. Peperstraete, dit "Pipette", brave homme dont je ne garde en souvenir que la mauvaise odeur... J'ai gardé un souvenir plus vivace de mes cours de grec, donné par un certain Christian Deconinck, alors jeune professeur. À vrai dire, je garde surtout un souvenir de mes examens de grec : j'en ai passé 10 (3 x préceptes et auteurs, version et thème + 1 examen de passage), et j'en ai raté... 10 ! Bref, tout allait bien. Je pouvais donc soit doubler soit passer en troisième latin-sciences, ce que je fis sans hésiter. Le seul hic était d'une part que j'avais eu aussi un travail de passage en sciences (et des examens en latin et en néerlandais) et d'autre part que mon nouveau titulaire ne serait autre que M. Deconinck, celui-là même qui m'avait vu briller en grec !

Bref, c'était un bon début. Je lui rends grâce de n'avoir aucunement tenu compte de mon passé négatif et de m'avoir encouragé pleinement. Ce ne fut pas facile néanmoins, et si à la fin du deuxième trimestre, mon titulaire écrivait "Excellent redressement mais tout n'est pas joué", le directeur M. l'abbé Steinmetz, avec qui j'entretenais d'excellentes relations, écrivait cette sentence que je n'oublierai jamais : "Des humanités en pantoufle". Il avait entièrement raison !

Ceci dit, le passage en latin-sciences qui n'était au départ qu'une issue de secours fut en fait la meilleure chose qui me soit arrivée durant mes humanités. Quoi de plus équilibré en effet, en cette deuxième moitié du 20e siècle, que des études à la fois littéraires et scientifiques. J'eus aussi la chance de tomber sur un professeur de sciences, M. Claude Welcomme, vraiment extraordinaire. Ce fut mon seul et unique prof de sciences pendant le reste de mes études secondaires. C'était un gars passionné et passionnant. Très humain tout en étant très rigoureux. J'ai vraiment beaucoup appris avec lui.

Et je me suis retrouvé en "poésie", chez M. Ghislain Chaval. Une année extraordinaire ! Non seulement l'ambiance dans la classe était super, mais j'ai aussi vraiment adoré ce prof qui me permettait de découvrir la poésie, moi qui n'arrêtais pas d'en écrire, mais qui faisait vivre aussi le latin, l'histoire, la religion. Malgré un début difficile, j'ai obtenu de bons résultats au deuxième trimestre avec même des premières places en religion et en physique ! Et puis, au troisième trimestre, il y a eu quelques problèmes. Après avoir participé avec l'école à une marche parrainée de 20 km qui s'est déroulée sous la pluie dans la Forêt de Soignes, je suis tombé malade pendant deux semaines. À mon retour, j'avais perdu le fil et le courage... Et les examens sont vite arrivés. Chaque jour, mon voisin Alain Féaux et moi nous répartissions la matière : étudier chacun la moitié était une bonne idée. L'ennui, c'est que quand on se retrouvait le lendemain, on s'avouait mutuellement qu'on n'avait pas vraiment étudié ! On a réalisé nos examens quasiment ensemble, assis sur le banc juste devant le bureau du prof (c'est le meilleur endroit pour copier) et... on a échoué tous les deux !

J'avais des examens de passage en néerlandais, en anglais, en géographie et un travail en histoire. J'étais un peu découragé : cela faisait 4 ans que je passais mes vacances à étudier mes examens de passage... Je me demandais bien comment annoncer à mes parents qu'étant donné la situation (la matière à étudier était évidemment celle du 3e trimestre que j'avais raté et non pas celle du 2e trimestre réussi), il valait peut-être mieux que... Je me revois plongé (c'est le cas de le dire) dans mes réflexions tout en prenant mon bain, endroit qui a toujours été mon lieu de prédilection pour réfléchir. Quand j'étais en train de me sécher (cela durait toujours longtemps), Maman est entrée dans la salle de bains d'un air ennuyé et m'a dit "Écoute, François, Papa et moi avons réfléchi et nous nous demandons s'il ne vaut pas mieux que tu doubles...". Je sortais de mon bain, mais je me suis senti me liquéfier : quel bonheur !

J'ai donc doublé. Je suis convaincu que le redoublement n'apporte pas grand chose de bon (et les études scientifiques réalisées sont là pour le prouver), mais mon redoublement fut une excellente chose. D'abord, étant né en décembre, j'avais toujours été parmi les plus jeunes de ma classe. Sans doute un peu trop. Ensuite, cela m'a permis de recommencer avec M. Chaval comme titulaire. Ce fut merveilleux. Notamment, dans les cours de français : j'avais l'impression d'apporter autant que lui dans l'analyse de la poésie française. Il eut cette délicatesse de me laisser prendre ma place à cet égard. Enfin, j'étais suffisamment mûr pour "faire quelque chose" de ce redoublement, pour le prendre comme un nouveau départ positif. Ce fut le cas.

Je me suis ensuite retrouvé en "rhéto", chez M. l'abbé Jeukens, et toujours avec M. Welcomme comme prof de sciences. Une année intéressante, pleine d'apprentissages notamment en philosophie. J'ai terminé brillamment l'année, avec des prix en Préceptes et auteurs français, Dissertation française, Initiation à la culture grecque et Physique. J'avais aussi réalisé un excellent mais audacieux travail de fin d'études intitulé "Le féminisme chez Hervé Bazin". Démontrer qu'Hervé Bazin est féministe n'était pas une sinécure, mais je pense y être arrivé.

Je terminais enfin mes études secondaires, passage obligé mais dont je ne garde pas de souvenirs sublimes, notamment au niveau des copains. Je n'ai d'ailleurs jamais revu mes collègues de classe, excepté Alain avec qui j'avais échoué et redoublé. Il me fallait choisir des études supérieures. Jusqu'au deuxième trimestre de ma rhéto, je m'étais toujours dit que je ferais des études d'ingénieur. Pendant un temps, j'avais même pensé à l'École Royale Militaire, mais mes idées politiques m'avaient amené à changer d'avis ! Le problème, c'est que durant ce deuxième trimestre, je me suis rendu compte qu'il fallait quand même étudier un peu les mathématiques si on voulait réussir. Jusque là, je m'étais toujours contenté d'être plus ou moins attentif au cours et puis de considérer les interros et examens comme des "résolutions de problèmes". Mais voilà qu'il fallait étudier aussi les maths, et cela ne m'enchantait pas trop. Ma carrière d'ingénieur se terminait avant d'avoir commencé ! Même les "examens psychotechniques" me disaient qu'il valait mieux faire quelque chose de "social". Alors, j'ai choisi le droit parce que je ne voyais pas que faire d'autre. Il faut dire que la seule voie possible me semblait être l'université, sans me dire un seul instant qu'il existait des études supérieures non universitaires qui pouvaient peut-être aussi être intéressantes.

J'ai donc commencé le droit, aux Facultés Universitaires Saint-Louis. L'idée lointaine était de devenir juge de la jeunesse. J'ai réussi ma première candi en première session, en ayant eu la chance d'appartenir à la dernière génération d'étudiants ayant bénéficié des cours de philosophie de Mgr Van Camp. Ma seconde candi commençait bien, mais le 8 décembre 1973, la voiture de mon frère Étienne se faisait écrabouiller, laissant Étienne dans un piteux état. Cela m'a un peu déconcentré... je décrochais une seconde sess' que j'ai ratée, contre toute attente et - selon moi - à cause de deux professeurs injustes. Mais voilà, j'ai bissé ma seconde candi et je me suis retrouvé en 1re licence à Leuven en 1975-1976. Je faisais aussi la criminologie. Ce fut une année marquée par une très longue grève des étudiants qui s'opposaient à une loi-programme qui a fini par passer. Pas beaucoup de cours... et pas beaucoup d'étude ! Surtout que je n'avais plus la motivation nécessaire. Je m'étais rendu compte d'abord que l'unif n'apprend pas à être moins c... ! Et des c... en droit, il y en avait un sacré paquet ! J'avais aussi compris qu'avant d'être juge de la jeunesse, il fallait faire tout un parcours judiciaire qui ne me plaisait que peu. Je savais désormais qu'un juge de la jeunesse était condamné à ne pas pouvoir faire grand chose étant donné le nombre de dossiers en sa possession. J'avais eu aussi la chance de côtoyer dans des camps de jeunes en montagne d'autres animateurs qui n'avaient pas fait l'unif et qui eux pourtant n'étaient pas c... ! Ils étaient instituteurs... et j'ai commencé à me poser des questions sur mon avenir professionnel. Le coup de grâce me fut donné lors d'une rencontre à Leuven de Xavier Roegiers qui n'était alors qu'un copain rencontré à Gratte (mais qui devint quelques années plus tard mon prof de maths et puis mon patron-collègue-collaborateur). Xavier faisait des études d'ingénieur, mais me disait avoir décidé de commencer des études d'instituteur. Si lui avait osé prendre cette décision, alors pourquoi pas moi ? Et j'ai décidé d'arrêter le droit pour commencer des études d'instituteur. La seule chose que Xavier ne m'avait pas dite, c'est qu'il continuait ses études d'ingénieur tout en réalisant sa première année d'instituteur en deux ans... J'aurais peut-être pu faire la même chose, mais je ne suis pas sûr que c'eût été une bonne idée.

Par contre, faire des études d'instituteur - malgré l'échec que cela représentait, et qui ne fut pas facile à accepter pour mes parents (mais ils l'ont accepté) - fut une excellente idée. Je me suis tout de suite senti à l'aise dans ce que je faisais, ce que j'apprenais. Ce ne fut pourtant pas facile, sur un plan personnel. J'ai d'abord dû gagner ma croute : l'accompagnement musical de Robert me le permit, et je lui en serai éternellement reconnaissant. Le début de mes études d'instituteur correspond aussi à ma plus grande désillusion sentimentale qui aurait pu très mal se terminer. Bref, les coups de la vie pleuvaient, mais j'étais heureux dans le choix de mes nouvelles études. J'ai dû bien entendu m'adapter quelque peu. Je crois que les élèves de mon premier stage n'ont pas dû comprendre grand chose à ce que je leur racontais : je m'imaginais sans doute encore parler à des profs d'unif. J'ai vécu deux très chouettes années à l'Institut Saint-Thomas, avec d'excellents copains.

Avant la fin de mes études, je savais que je travaillerais à l'Institut Saint-Dominique. Ce fut un réel plaisir, mais j'avais envie d'en savoir un peu plus, parce qu'il fallait bien avouer que mes études d'instit ne m'avaient pas permis de faire le tour de la pédagogie... J'ai alors décidé de commencer des cours du soir, en 1979, à l'École Supérieure de Pédagogie de Bruxelles. J'ai entamé ce cycle en compagnie de Jean-François Kerkhofs (le fils de mon prof de 6e primaire) et de Stephen Humblet, deux bons amis de l'école normale. Trois ans d'études supplémentaires, intéressantes, mais qui étaient encore loin de satisfaire ma curiosité.

Et aussi - il faut bien l'avouer - de surmonter ma frustration de ne pas avoir terminé mes études universitaires. Alors, en 1983, j'ai décidé de commencer une licence en sciences psychopédagogiques, à l'Université de Mons, en profitant de ce qui était appelé le "cycle long". C'est-à-dire des études à horaire décalé, fondées sur un système d'unités de valeur permettant d'engranger petit à petit les réussites de cours, sans être trop enfermé dans des rythmes annuels stricts. Bref, de prendre son temps selon ses possibilités pour faire ses études. L'avantage de ce "cycle long", c'est que, sur la base des mêmes principes, il y avait aussi moyen de le transformer en "cycle court", puisqu'il suffisait d'emmagasiner les unités de valeur de manière accélérée. J'ai ainsi fait, tout en travaillant à mi-temps et grâce au support logistique et financier de ma femme Brigitte, les candidatures de 2 ans en une seule année (au CUNIC de Charleroi) et les 3 années de licence en 2 ans, stages et mémoire y compris. Il fallait bien s'organiser et comme c'était assez exigeant, qu'il ne s'agissait pas de faire les choses à moitié, j'ai fini avec la plus grande distinction.

J'aurais pu, j'aurais dû faire encore un doctorat après cela. J'étais prêt à le faire, sous la conduite de mon maître Yvan Tourneur. Mais au moment où il fallait se lancer, la maladie le rejoignit et il nous quitta bien trop tôt. Mes études en resteraient là. Mais pas mon plaisir d'apprendre encore et toujours.

Que retenir de tout ceci ?

D'abord, qu'un choix n'est jamais définitif. Il n'est pas facile à 18 ans de savoir ce qu'on veut faire de sa vie. Certains trouvent la bonne voie immédiatement. D'autres prennent plus de temps. L'important, c'est de finir par la trouver.

Certains choix se font un peu par hasard, au gré des rencontres ou des occasions. C'est la vie. L'important, c'est de pouvoir donner du sens aux choix qui se font.

Les études sont importantes, mais elles ne sont que des portes qu'il s'agit encore d'ouvrir. Ce qui n'est pas nécessairement facile et qui ne va pas de soi. Mais c'est merveilleux d'apprendre, même si ce n'est pas la vraie vie.

C'est bien sûr tout cela qui explique le deuxième couplet de ma chanson 50 ans !


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